Deux filles dans le vent 2013 Laure Batoz & Caro North 19/02/2013

Début février. Nous sommes dans l’avion pour la Patagonie avec en tête des rêves de grands espaces, de sommets incroyables, de fissures parfaites mais aussi, nous le savons, des semaines de mauvaise météo et d’attentes. Nous nous lançons donc dans l´aventure à la fois motivées et inquiètes par la réputation de ces montagnes. Nous sommes deux filles : une francaise (Laure Batoz, 26 ans) et une allemande (Caroline North, 21 ans) à vouloir grimper sur les faces imposantes de la Patagonie argentine autours de El Chaltén.

Côté météo, la chance semble être avec nous : quatre jours après notre arrivée, nous nous trouvons en haut de la Guillaumet après avoir grimpé la Brenner-Moschioni (300m, 30° 6b), notre premier sommet en Patagonie.

Puis le mauvais temps s’installe en montagne et nous, nous en profitons pour découvrir les blocs et les voies autour de El Chaltén(où la météo reste correcte), et rencontrer les autres grimpeurs qui attendent comme nous un créneau pour pouvoir partir en montagne. Petit à petit les habitudes s’installent et chaque jour nous procédons au même rituel des prévisions méteo, mais du vent et des précipitations persistent en montagne. Finalement, après dix jours, du beau temps avec des températures basses s´annonce, nous décidons donc de nous diriger vers la face ouest du Cerro Torre pour faire une voie en glace et en mixte, la fameuse Ragni ou Ferrari (600m, 90° M4).

 Avant d´attaquer la voie, beaucoup de marche nous attend. Nous avons mis trois jours pour faire 40km et arriver au Col de la Esperanza au pied de la face ouest de cette montagne mythique, trois jours dans des paysages incroyables et dans le vent aussi!! Notamment quand nous avons traversé l´immense hielo continental de la Patagonie.
Le quatrième jour, nous attaquons finalement la voie. Nous avançons vite et nous nous sentons bien. Notre motivation libère des forces inconnues et les premières parties raides sont vite passées. Nous laissons l´Elmo derrière nous pour arriver aux longueurs de mixte dans lesquelles nous prenons vraiment beaucoup de plaisir à grimper. Génial. Nous nous approchons du headwall qui nous semble vraiment raide et qui nous prend du temps, puis nous arrivons sur une arrête dans les champignons de neige. Jusqu´à là, nous avons pu facilement nous protéger, mais maintenant cela devient plus délicat. Nous passons le premier champignon de neige et nous montons à un petit col. Il commence déjà à faire nuit et la fatigue se fait sentir, nous sommes 80m sous le sommet du Cerro Torre… nous hésitons, et finalement nous décidons de redescendre. Si près du but ! Malgré la déception, nous sommes quand même vraiment contentes d´avoir eu la possibilité de grimper cette magnifique voie jusqu´à cet endroit. Il nous attend encore une longue nuit de rappels et, 24 heures après avoir quitté notre tente, nous y voilà à nouveau. Après quelques heures de sommeil, nous nous remettons en marche pour arriver deux jours plus tard à El Chaltén.
Nous sommes vraiment épuisées, mais le temps de récupération est assez court (4 jours) car la météo annonce un nouveau créneau de beau.

 Cette fois, nous partons en direction du Fitzroy pour tenter la voie Afanasieff (1550m, 30° 6a+), la voie la plus longue de cette montagne impressionnante. Dans des conditions idéales, la voie n’est pas trop dure dans les cotations, mais il a beaucoup neigé et nous sommes confrontées à des fissures et des dalles glacées et enneigées ce qui nous demande beaucoup d’efforts. Finalement après quatre jours de lutte et trois bivouacs, nous arrivons au sommet du Fitzroy … Une sensation incroyable ! Le bonheur ! Mais il faut encore redescendre : une nuit de rappels, un très court bivouac et une longue journée de marche pour regagner El Chaltén.

 Le lendemain, notre avion part en direction Buenos Aires, nous quittons El Chaltén tristes mais avec la ferme intention d’y revenir. Nous sommes conquises…

Merci à nos sponsors : Mammut, Scarpa et Katadyn.

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